Le Fiat Ducato électrique, une base d’avenir pour les vans et les fourgons aménagés ?

Les aménageurs l’adorent. Les utilisateurs aussi. Et les courbes du marché confirment cette tendance, année après année : le Fiat Ducato règne en maître sur le secteur des véhicules de loisirs, servant de base à de nombreuses gammes. Pour cela, il s’appuie sur des arguments simple et efficace, ayant fait sa réussite depuis toujours : une fiabilité à toute épreuve ainsi qu’un certain agrément de conduite, avec des motorisations chaleureuses lui conférant des qualités routières intéressantes.

Mais la firme transalpine n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. D’autant que la concurrence affûte ses armes et commence à grignoter quelques parts de marchés, petit à petit. Sans révolutionner son produit, Fiat a donc procédé à plusieurs améliorations de son best-seller. Si l’esthétique de la face avant ne change pas outre mesure, même si on remarque l’apparition de plusieurs « ouïes » sur la calandre ou l’introduction de petites choses un petit peu plus au goût du jour, à l’image des clignotants désormais défilants, c’est surtout dans les entrailles de la machine que le constructeur italien a décidé de concentrer ses efforts.

Avec une nouveauté principale : sa version électrique, très largement remaniée par rapport à la précédente mouture. La batterie de 110 KwH change en effet la donne. L’autonomie, en premier lieu, avec un gain de liberté considérable, puisqu’elle passe de 250 kilomètres à un peu plus de 420 kilomètres. Des chiffres dont on peut souligner la cohérence. Lors de notre boucle d’essai mélangeant des portions rapides, de la ville et des routes de campagne, la consommation s’est en effet avéré raisonnable, pour ne pas dire intéressante. En une petite centaine de kilomètres, et alors que nous avions la climatisation en marche, le GPS activé et un téléphone sur la plaque à induction, nous avons perdu un peu moins de 30 % de capacité de charge. Autre bon point : le système de recharge, totalement nouveau lui aussi, permet de recharger la batterie jusqu’à 80 % en 55 minutes.

Une conduite totalement à revoir

Et au volant ? La conduite de ce Ducato, c’est comment ? Plutôt ludique. La puissance électrique est là instantanément, mais elle reste plutôt souple et il faut vraiment enfoncer la pédale jusqu’au plancher pour avoir cette sensation de « boost ». Le retour du volant est aussi intéressant, avec une force un petit peu plus prononcée que précédemment. Le rétroviseur central, dont on peut bénéficier grâce à l’apport d’une caméra réglable, est également un bon point, notamment au niveau de la sécurité.

Mais c’est surtout au freinage qu’il faut une petite période d’adaptation. Avec les différents modes de récupération de l’énergie, il faut en effet pratiquement repenser sa façon de conduire, en anticipant davantage et en jouant avec les trois niveaux de régénération. Reste que, après plusieurs kilomètres d’essai, le constat est sans appel : aussi bizarre que cela puisse paraître, le nouveau Fiat Ducato électrique se conduit en ne touchant pratiquement jamais la pédale de frein, hormis pour finir un freinage en toute sécurité ou quand une situation dangereuse se présente.

Comment cela est-il possible ? Tout simplement grâce aux trois niveaux de régénération. Si le premier mode, le souple, offre une puissance de décélération douce, les deux suivants, l’intermédiaire et le fort, font carrément office de pédale de frein quand on lâche celle de l’accélérateur. Ainsi, il n’est pas rare, et ce pour ne pas dire à chaque fois, d’arriver au feu rouge en ralentissant uniquement grâce aux modes de régénération. A l’usage, le niveau intermédiaire risque d’être le plus utilisé, même si le souple est aussi intéressant. Le mode fort, lui, est également à prendre en compte mais, pour le coup, sa puissance de décélération est tellement prononcée que nous avons vraiment l’impression d’appuyer fort sur le frein, provoquant parfois quelques à-coups.

Une base intéressante pour le futur ?

Si les qualités de ce nouveau Ducato sont indéniables et qu’il risque de devenir un habitué des secteurs urbains et péri-urbains pour les livraisons dites « du dernier kilomètre », la question est surtout de savoir s’il pourrait être réellement adapté à notre usage et aux caractéristiques de nos véhicules, notamment les fourgons aménagés ?

Sur le papier, la charge utile du nouveau Ducato électrique grimpe en effet à 1 500 kilos. Traduction : il risque de ne pas rester grand-chose une fois que l’aménageur aura terminé son œuvre, avec la pose de la cuisine, du couchage, du bloc sanitaire, du frigo à compression ou encore du coin dinette. Sans oublier le poids de l’eau embarquée dans le véhicule, là aussi non négligeable.  Chez Stellantis, le groupe auquel appartient Fiat, on est bien évidemment conscient de ces interrogations, et les personnes de la marque que nous avons rencontrées lors de notre essai du côté de Francfort nous l’ont dit également. Il faudra donc voir ce que cela donne dans les faits, notamment avec la législation, si elle est amenée à évoluer ou pas. Car si tout le monde devait posséder le permis poids lourds pour utiliser son véhicule, cela pourrait causer quelques désagréments. Chez Stellantis, on ne cache pas que l’hydrogène, dont l’arrivée est prévue cette année, pourrait être une solution. Sans compter les blocs thermiques, que les ingénieurs Fiat ont encore peaufinés et améliorés, et qui seront au catalogue cette année. « Dans le groupe Stellantis, on a une vision à 360 degrés. Nous travaillons sur l’électrique, l’hydrogène, mais aussi sur le thermique. Nous sommes prêts à répondre à chaque demande« , nous a dit un représentant du groupe en Allemagne. Bref, le Ducato, qu’il soit électrique, à hydrogène ou thermique, a encore de beaux jours devant lui ! C’est une certitude.