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Visitez la Maison Zola avec votre fourgon

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Visitez la Maison Zola avec votre fourgon

A Médan, à quelques kilomètres de Saint-Germain-en-Laye, se cache la demeure de l’un des plus grands écrivains du XIXe siècle. D’un ardent militant, aussi, dont le "J'accuse", exceptionnel et magistral cri contre l’injustice, semble encore résonner entre ces murs. Bienvenue chez Émile Zola.
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Avant d’entrer dans la demeure de l’écrivain, prenez le temps de visiter le musée Dreyfus, dans la même enceinte. Indissociable de Zola, “l’affaire” reste l’un des plus grands scandales d’État que la France a connus. Une injustice à l’encontre du capitaine Dreyfus, coupable idéal car juif, dans une affaire d’intelligence avec l’ennemi d’alors, ­l’Empire allemand. Sans Zola et son J’accuse, pamphlet paru dans le journal L’Aurore le 13 janvier 1898, “l’affaire” n’aurait pas eu une telle dimension, aussi bien sociale que politique. Pour l’anecdote, c’est à Georges Clemenceau, alors éditorialiste pour le quotidien, que l’on doit ce titre uppercut. L’exposition qui lui est dédiée s’affiche dans un bâtiment jouxtant la maison de Zola. Essentielle pour comprendre les dessous et le déroulement de l’affaire, elle est exhaustive… peut-être un peu trop pour certains car elle nécessite d’y passer pas mal de temps pour tout voir tant les journaux d’époque, tracts, affiches, panneaux explicatifs, chansons, projections… sont nombreux ! Mais il serait dommage d’en faire l’impasse, d’autant que son entrée est comprise dans le billet pour la Maison Zola (sa visite seule vous coûtera 5 €). Cette dernière reste, bien évidemment, notre but principal. Et les surprises à l’intérieur ne manquent pas. Bien sûr, il est poignant d’avoir l’impression d’entrer dans l’intimité de l’homme, d’être convié par lui à découvrir son antre. Reste que la bâtisse elle-même vous accueille de sa prestance. L’écrivain s’en porte acquéreur en 1878, grâce aux droits d’auteur de L’Assommoir. Elle sera sa demeure principale jusqu’à sa mort et la seule qu’il possédera (il est locataire par ailleurs, à Paris, à Aix-en-Provence). Au départ simple maison, “une cabane à lapins (…) dans un trou charmant”, comme il l’écrit à son ami Flaubert, il l’agrandira en la flanquant de deux tours, en 1879 puis en 1885, aux styles différents baptisées Nana et Germinal : ce sont les revenus de ces œuvres qui lui ont permis les travaux. À chaque fois, il endosse le costume d’architecte et de chef de chantier. Parallèlement, il agrandit ses terres, faisant passer leur superficie de 1 600 à plus de 41 000 m2 !

Sanctuaire et lieu de rencontres

Il en fait son ermitage où il respecte sa devise : “Pas de jour sans une seule ligne”. Mais il y reçoit aussi ses amis, entre autres écrivains. Ici naîtra Les soirées de Médan, un ouvrage collectif (Maupassant, Huysman, Céard, Hennique, Alexis…). En solitaire, il y écrira entre autres Nana, La Bête humaine, Au Bonheur des Dames…
Mais le maître n’est plus là. La visite commence par le salon, sur la cheminée duquel trône sa devise. Un billard et, aux murs, des objets rapportés de ses voyages. De l’autre côté de l’entrée, la cuisine et son incroyable faïence recouvrant murs et plafond. Exceptionnel, tout comme la salle de bains à l’étage qui lui donne la réplique de ses carreaux. Celle-ci donne sur la chambre. Bien sûr, le maître-lieu reste le bureau de Zola. Situé au sommet de la tour carrée Nana, celui-ci prend des airs de cathédrale avec son impressionnante hauteur sous plafond. Au centre, le bureau, solitaire, esseulé sur un tapis. Derrière, une bibliothèque en mezzanine et, face à lui, une verrière qui baigne le lieu d’une atmosphère sacrale. Naturellement, ici, les voix se font basses, comme pour ne pas éteindre l’inspiration, comme on soufflerait sur la flamme vacillante d’une bougie. Zola n’est plus là, mais son aura demeure. Comme un fait exprès, à l’exact opposé, dans la tour hexagonale Germinal, se trouve la lingerie, où officiait son deuxième amour, Jeanne Rozerot, avec qui il aura deux enfants, que son épouse (qui a engagé la lingère et l’apprécie hautement) ne peut lui donner. Après une période de crise, lorsqu’Alexandrine découvre l’infidélité de son mari et l’existence de sa descendance, la chose devient, sinon officielle, du moins acceptée. Mais Zola souffre de cette double vie.
Il meurt le 29 septembre 1902 d’une intoxication, suite à des émanations de feu de cheminée dans son appartement parisien. Alexandrine, elle, s’en sort. Accident ? Assassinat (les rancœurs suite à l’affaire Dreyfus ne sont pas encore apaisées) ? Son épouse fera alors en sorte que ses enfants illégitimes soient reconnus.
La maison de Médan, elle, connaîtra plusieurs vies avant de devenir musée : fondation après le don d’Alexandrine à l’Assis­tance publique (1905), puis école d’infirmières de 1973 à 1983. Elle ouvre au public en 1985, puis ferme pour restauration en 2011. Depuis deux ans, et ayant retrouvé quasiment sa splendeur et son mobilier, elle s’offre de nouveau à nous.

INFOS PRATIQUES
Ouvert du mercredi au dimanche, de 9 h 30 à 12 h 30 h et de 13 h 30 à 17 h 30.
Sur réservation. Visite couplée avec celle du musée Dreyfus.
Tarif : 9,50 €.

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