Portrait : Chris, éternel optimiste

J’avais mon propre restaurant. Je ne faisais que bosser et au bout d’un moment, j’ai compris que je ne profitais pas de la vie, que je n’en avais tout simplement plus !”, commence Chris. Il revend donc son affaire et part trois mois, donner de son temps et de sa personne dans un projet humanitaire. Une respiration qui, au retour, lui ouvre les yeux : “Je ne voulais plus de ma vie d’avant, ni même d’une vie sédentaire. Alors je me suis posé la question : pourquoi ne pas partir en véhicule de loisirs ?” Car l’envie le taraudait depuis un moment : “Dès l’âge de 18 ou 20 ans, je m’étais dit que j’achèterais un camping-car pour visiter la France. À l’époque, le monde devait me paraître trop grand”, s’amuse-t-il.

Depuis, Chris a élargi son rayon d’action puisque ses aventures l’ont mené jusqu’au Sénégal. D’abord intéressé par les camping-cars, il a découvert, au gré de ses recherches, les vans et fourgons aménagés. “C’était il y a cinq ans, au tout début du phénomène van. Il y avait assez peu d’information et je ne me sentais pas capable d’aménager un fourgon moi-même. Je suis alors tombé sur la petite annonce d’un fourgon à vendre, à 40 kilomètres de chez moi. L’électricité était installée et il était prêt à recevoir l’aménagement. J’ai vu ça comme un signe.” Chris, saisonnier à l’époque, commence l’aménagement de son Renault Master, un camion qu’il baptise bientôt… Ben. Au même moment, il adopte Olly, le premier de ses quatre félins. Une chatte Scottish qui grandit dans le fourgon en construction qui devient sa maison et son terrain de jeux.

Six mois et demi plus tard, Chris, Olly et Ben prennent la route pour un voyage en Europe. Avec quelques déconvenues : “Je suis parti un mois et demi et me suis rendu compte que je détestais mon aménagement ! J’avais monté une douche fixe pour finalement m’apercevoir que c’était une perte de place. Je suis donc revenu, pour refaire une nouvelle version. Je suis reparti cinq mois, et me suis fait cambrioler. Tout avait été volé dans le fourgon. Ça m’a un peu refroidi et l’implantation ne me convenait toujours pas.” Chris arrête alors de voyager et repense son intérieur, pour de bon cette fois. Donner du sens à sa vanlife.

Mais si partir sans but est enivrant, la philosophie de Chris va au-delà : “J’estime que quand on a la chance d’avoir un certain mode de vie privilégié, parce qu’on a une certaine liberté d’action, il faut en faire profiter les autres.” Notre nomade connaissant bien le Sénégal, pour s’y rendre régulièrement en avion pour raisons personnelles, il s’est demandé ce qu’il pouvait faire pour les enfants des orphelinats, des crèches ou des centres de santé. Il met alors sur pied un projet humanitaire pour leur apporter des jouets : “J’ai fait un tour de France, pendant presque deux mois, pour récolter les dons, et nous sommes partis en décembre 2020, avec trois autres vans, pour le Sénégal via le Maroc et la Mauritanie.”

Hélas, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu… Si la distribution de jeux de société et autres livres se passe bien, la pandémie impose à Chris un confinement sur place : “Les autres ont pu repartir à temps, j’ai dû rester. J’ai fini par acheter un terrain, y installer mon fourgon et construire un abri de paille et bambou. Pour l’eau, j’avais un puits et le panneau solaire de Ben me fournissait l’électricité.” Il restera dix mois au Sénégal avant de pouvoir revenir en France, mais sans son fourgon. Il achète alors un vieil intégral Hymer qui lui permet, entre les confinements espagnol et portugais, de bouger un peu en Europe. Un périple qui se termine par un accident à son retour en France, en avril 2021, avec séances de rééducation et sédentarisation forcée à la clef.

Septembre permet à Chris de reprendre la route, toujours dans l’Hexagone, jusqu’en janvier de cette année. Là, il prend l’avion pour le Sénégal afin de récupérer son fourgon : “Ça a été une grosse bagarre avec les douanes et les autorités portuaires. Finalement, j’ai réussi à le faire embarquer sur un bateau début février et il est arrivé fin avril.” Juste à temps pour le Camper Van Week-End auquel Chris participait, au sein du Village Vanlife. Et après ? “Tout d’abord nettoyer et remettre en état Ben, qui a bien souffert. Après, on verra. Sans doute repartir pour achever mon tour d’Europe, en particulier visiter la Turquie et la Norvège, puis monter une deuxième édition du projet humanitaire pour le Sénégal. Mais à plus grande échelle, avec plus de vans et plus de personnes. D’autant que maintenant, nous avons un terrain d’accueil sur place.” C’est certain, Chris voit toujours le bon côté des choses.

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