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Evasion 24 : nid de vans en Dordogne
Comme son nom l’indique, Evasion 24 se cache en Dordogne, à une heure et demie de Bordeaux. Là, à Saint-Pierre-d’Eyraud, naissent les Goëland, de petits vans pour deux construits par un efficace trio. Rencontre avec les Nicot, père et fils, ainsi que Denis, le menuisier, pour découvrir la couveuse de cet oiseau libertaire.
Arriver chez Evasion 24 donne un peu l’impression d’entrer chez des amis : l’atelier est tout simplement installé à l’arrière de la maison familiale ! De quoi lancer l’échange sur de bonnes bases. Sous l’appentis, quelques Goëland attendent, dont l’un des premiers exemplaires de la série qui s’apprête à vivre une autre vie après avoir fait le bonheur de ses propriétaires pendant de longues années. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que si l’ambiance est aujourd’hui quelque peu datée, l’ensemble a bien vieilli. Signe d’une conception bien pensée et d’une réalisation soignée. Jean-Charles Nicot, l’homme derrière la création d’Evasion 24, est un pratiquant de longue date. Il faut y voir, sans doute, la raison de cette exigence de qualité et de simplicité, préférée à un foisonnement d’équipements futiles. L’un des credo de la maison.
Le premier van, une révélation !
La vie en van, Jean-Charles est tombé dedans, non pas petit, mais permis tout juste en poche : “Je me suis acheté une voiture, mais je voulais m’aménager un fourgon. J’avais un grand-père ébéniste dans l’atelier duquel je passais mes jeudis, gamin. J’adorais ça. On l’a fait ensemble. On allait à la scierie acheter les planches, on les rabotait, les débitait, tout à la main, à la varlope, etc.” Ce premier aménagement, sur Ford Transit, est une révélation, “une explosion” même.
En parallèle de son activité d’alarme et de téléphonie (filaire…), Jean-Charles construit des véhicules de loisirs pour des proches ou pour lui, qu’il revend ensuite. Jusqu’à couper le fil… téléphonique en 1996, pour enfin franchir le pas et devenir aménageur professionnel, dans la maison de Saint-Pierre-d’Eyraud : “Pendant un an, je ne me suis pas payé. Puis les affaires ont commencé à marcher grâce au bouche-à-oreille.” Evasion 24 se spécialise, au départ, dans le sur-mesure et réalisera à façon des véhicules quinze ans durant. Puis le marché a changé.
Retour aux sources pour Julien
“Lorsque les industriels ont commencé à s’intéresser au fourgon aménagé fin des années 2000, nous n’étions plus compétitifs. Il devenait nécessaire de se remettre en question, de proposer quelque chose de différent, d’original. C’est là que le Goëland est né.” Désormais seul modèle siglé Evasion 24, ce van pour deux, basé sur le Renault Trafic, se caractérise par son couchage arrière permanent. La cuisine, elle, trouve refuge derrière le siège conducteur. Deux versions sont disponibles : court (5,08 m) avec couchage disposé en diagonale, ou long (5,48 m), pour des tarifs débutant respectivement à 45 614 et 48 474 € en neuf (l’atelier propose également l’aménagement sur véhicule d’occasion).
Longtemps, Jean-Charles a œuvré seul. Avant que Denis, menuisier, le rejoigne en 2006 : “Il y avait beaucoup de demandes à l’époque, et mettre en place un plancher seul, c’était un peu la galère. Énormément de choses sont faciles à faire… à condition d’être deux”, explique Jean-Charles. Son fils Julien, quant à lui, rejoint le team en 2021, à un moment où son père se pose des questions : “J’ai eu quelques soucis de santé. Rien de très grave, mais s’imposait alors la réflexion de savoir si je continuais. J’en ai parlé avec Julien, qui avait sa vie déjà bien engagée…” “Avec ma compagne, on avait un bon emploi sur Paris, poursuit la descendance, et on avait acheté notre appartement. C’était chouette, mais vouloir construire une famille dans un cadre un peu moins speed, ça avait su sens. On a décidé d’essayer. Les risques étaient limités, l’entreprise marchait bien, je voulais continuer à la développer, apporter ma pierre à l’édifice.” Julien revient donc à l’atelier, avec son expérience à la fois commerciale, informatique et en communication en créant, entre autres, un nouveau site internet et un configurateur.
Dans ce trio désormais formé, si chacun a ses spécialités, “il est au courant de ce qui se passe dans le domaine de l’autre. Il y a une alchimie”, assure Julien, qui rappelle par ailleurs être “né dans le produit et son utilisation, mais également sa fabrication.” D’après son père, il passe énormément de temps avec les clients, afin de cerner leurs besoins et ainsi les orienter sur les équipements nécessaires… ou non. En revanche, pas de tergiversation sur ce qui ne se voit pas – et qui est souvent négligé – comme l’électricité, pré carré de Jean-Charles, ou l’installation sanitaire de qualité. Car ce qui prime, chez Evasion 24, c’est que le client soit satisfait. D’où l’intérêt de la location (via la plateforme Wikicampers.fr), une activité récemment mise en place par l’aménageur dordognais, qui permet de valider (ou non) un projet d’achat. Chaque année, dix-huit Goëland sortent de l’atelier. Un nombre qui pourrait être supérieur, mais une limite que les Nicot père et fils se sont fixée. Quand on préfère la qualité à la quantité, on compte.
